Bonjour,
Dans l'état actuel nous savons que notre enfant demandera immédiatement sa part, c'est ce qu'elle a fait lors du décès de sa grand-mère.
Quand on hérite d'une part d'un bien immobilier, on n'a pas besoin de la réclamer, on en devient propriétaire.
Je crois comprendre que le problème est que vous craignez que votre fille n'exige la vente du bien pour obtenir sa part du prix de vente. Vous voulez acheter un nouveau domicile conjugal sans que votre fille ne puisse en forcer la vente après le premier décès.
Je pars du principe qu'aucun des époux n'a d'enfant issu d'une autre union. Je suppose aussi que vous êtes seuls propriétaires du bien que vous occupez. Si ce n'est pas le cas veuillez le préciser.
Il existe plusieurs solutions. Pour commencer il est possible de faire un contrat de mariage avec clause d'attribution du domicile conjugal au survivant. Votre fille pourra s'opposer à ce changement de régime matrimonial. Si c'est le cas, ce sera au juge de trancher mais à mon avis la simple attribution du domicile conjugal au survivant devrait passer.
Si l'un de nous décède et que notre enfant réclame sa part à ce moment là, le conjoint survivant n'aura en cas de vente qu'1/4 du montant de la vente et il lui sera alors très difficile de vivre.
Si le bien que vous achetez est commun (ce qui est le cas par défaut), le survivant aurait déjà droit à sa moitié à lui du prix de vente.
Il aurait ensuite droit à une part du prix de vente selon ce dont il aurait hérité de son époux défunt.
Si le défunt n'avait que des enfants issus de l'union, l'époux survivant peut choisir entre l'usufruit de la totalité des biens ou la pleine propriété du 1/4 des biens :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1270
On peut étendre cette protection en faisant une donation entre époux ("au dernier vivant") pour permettre au survivant d'obtenir la quotité disponible ou 1/4 en pleine propriété et l'usufruit des 3/4 restants.
On peut aussi faire un legs de l'usufruit par testament.
Dans votre cas, si vous vous arrangez pour attribuer l'usufruit au veuf, cela donnerait la situation suivante :
- votre fille aurait une part de nue-propriété, et pourrait donc en exiger la vente, si besoin aux enchères judiciaires, pour mettre fin à l'indivision
- en l'absence d'indivision sur l'usufruit, votre fille ne pourrait rien exiger à ce niveau.
Votre fille pourrait donc faire vendre le bien, mais grevé d'un usufruit au profit du survivant. L'usufruit étant le droit de jouissance, le survivant pourrait donc quoi qu'il arrive continuer à habiter le bien ou le mettre en location pour avoir les loyers. Votre fille ne pourrait en aucun cas imposer une vente en pleine propriété.
Et enfin il existe un droit d'usage et d'habitation viager au profit du veuf. Dans le cas où il n'opte pas pour l'usufruit, le veuf peut exiger de continuer à vivre jusqu'à la fin de ses jours dans le logement. C'est moins intéressant que l'usufruit puisqu'il ne peut pas mettre le bien en location s'il déménage ou entre en EHPAD. Si le bien est vendu, le droit d'usage est d'habitation persiste. Le nouveau propriétaire ne peut donc jouir de son bien du vivant du veuf.
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Modératrice