Echange nue propriete contre usufruit

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Posté le Le 06/08/2023 à 20:52
Bonjour,

Suite au décès de son mari, Mme A se retrouve usufruitière de la maison qu'elle habitait avec son mari par testament etc (là n'est pas la question).

Au moment de la succession, Mme A avait deux enfants : une fille B (célibataire et sans enfant) et un fils C (marié, un enfant appelé D). Au moment de la succession, C a renoncé à sa part dans la succession au profit de son fils (unique) D.

Conséquence : à l'issue de la succession, Mme A est usufruitière de la maison et les nu-propriétaires de cette maison sont sa fille B et son (unique) petit fils D, à égalité.

Lorsque se produira le décès de Mme A (et sous réserve que les autres protagonistes lui survivent, bien entendu), B et D seront (co-)propriétaires indivis à 50% chacun de la maison.

Question 1 : est-il possible dans cette situation future que B échange la nu-propriété de sa moitié de maison contre l'usufruit de la moitié de la maison de D (but : B obtient l'usutruit de la totalité de la maison pour le restant de ses jours et D récupère la totalité de la maison sans frais de succession à l'issue de décès de B) ? Si oui, comment cela se passe-t-il pour l'évaluation du montant des parts échangées et comment se calculent les "frais de notaires" (essentiellement frais d'enregistrement ?). La question sous-jacente est : est-ce intéressant de procéder ainsi par rapport aux droits de succession qui seront de tante à neveu en cas de décès de B.

Question 2 : si l'opération envisagée à la question 1 est pertinente et réalisable, est-il envisageable d'anticiper d'ores et déjà un tel échange (càd de convenir et réaliser l'échange avant même le décès de Mme A qui est actuellement usufruitière de la maison). En effet, l'intérêt de faire la manip dès à présent réside dans l'âge de B qui ferait qu'actuellement l'échange nu-propriété/usufruit serait exactement équitable selon les barèmes fiscaux en vigueur (B a 58 ans et si j'ai bien compris la nu-propriété d'un de ses biens représente 50% de la valeur du bien tout comme l'usufruit de ce bien).

Question 3 : si ce qui est envisagé aux deux questions précédentes n'est pas pertinent ou pas réalisable etc, que conseilleriez-vous pour éviter à D de payer des droits de succession conséquents sur ce qu'il va hériter de B (rappel D est neveu de B).

Merci pour vos lumières.

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Posté le Le 07/08/2023 à 05:28
Bonjour,

1. Au décès de Madame A, B et D pourront faire ce qu'ils veulent de leur parts respectives, y compris s'entendre pour que B récupère la totalité de l'usufruit et D la totalité de la nue-propriété. C'est une manière originale de mettre fin à l'indivision, mais parfaitement légale.

En fonction de l'âge de B, une soulte sera peut-être nécessaire pour compenser la valeur de cet échange. La valeur de l'usufruit récupéré par B risque en effet d'être inférieure à la nue-propriété cédée à D. S'il n'y a pas de soulte, le différentiel de valeur pourra être requalifié en donation.

Au décès de B, D récupèrerait la pleine propriété sans avoir aucun droit de succession à payer. C'est donc une bonne méthode pour transmettre un bien de tante à neveu.

2. Non ce n'est pas possible. B et D ne détiennent que la nue-propriété, ils ne peuvent pas céder ce qu'ils ne possèdent pas. La valeur actuelle de l'usufruit (et donc des parts de nue-propriété) n'est pas déterminée par l'âge de B mais par l'âge de A, l'usufruitière en titre.

3. Faut-il comprendre que B n'a pas de descendants, et n'est pas mariée ?

Si c'est oui, à l'heure actuelle les héritiers de B sont A et C, plus éventuellement le père de B et d'éventuels frères ou soeurs consanguins.

__________________________
Modératrice

Posté le Le 07/08/2023 à 07:57
Bienvenue et bonjour

Les échanges, dans ce contexte, sont impossibles, B ne peut pas échanger la nu-propriété de sa moitié de maison contre l'usufruit de l'autre moitié, l'usufruit étant détenu par A.

B et D devront attendre le décès de A pour procéder à un arrangement entre eux.

Citation :
Si ce qui est envisagé aux deux questions précédentes n'est pas pertinent ou pas réalisable etc, que conseilleriez-vous pour éviter à D de payer des droits de succession conséquents sur ce qu'il va hériter de B (rappel D est neveu de B).


Dans ce cadre, je donne simplement de l'information. Il est possible de mettre fin à l'usufruit par divers moyens, comme la renonciation de l'usufruitier, qui permettrait aux nus-propriétaires de récupèrer la pleine propriété du bien puis B peut envisager une donation de N-P. au profit de D.

__________________________
Marck ESP, Administrateur
Merci aux bénévoles, qui font en sorte que ce point d'accès au droit reste constructif et respectueux des autres, sans joute verbale ni concours de réponses compulsives (-_-)

Posté le Le 08/08/2023 à 08:21
Citation :
2. Non ce n'est pas possible. B et D ne détiennent que la nue-propriété, ils ne peuvent pas céder ce qu'ils ne possèdent pas. La valeur actuelle de l'usufruit (et donc des parts de nue-propriété) n'est pas déterminée par l'âge de B mais par l'âge de A, l'usufruitière en titre.


Ben en fait, tout nu-propriétaire est déjà usufruitier successif sur sa propre tête de l'usufruitier en titre.
Donc si, il peut disposer de son usufruit successif. En particulier, un nu-propriétaire peut vendre sa nue-propriété en se réservant l'usufruit (son usufruit successif sur sa propre tête). Dans ce cas, la valeur de la nue-propriété vendue est bien liée à l'âge du nu-propriétaire (supposé plus jeune que l'usufruitier en titre).

D'ailleurs, l'usufruit de l'usufruitier actuel n'est pas transmis au nu-propriétaire, il s'éteint. Et le nu-propriétaire devient plein propriétaire parce que son usufruit successif "naturel" devient celui qui s'exerce.

Donc B peut céder sa nue-propriété en s'en réservant l'usufruit (successif) sur sa tête.
Et D peut céder son usufruit successif à B, mais cet usufruit restera viager sur la tête de D.

Au décès de A, l'usufruit viager sur la tête de A s'éteint.
B exerce pour une moitié son propre usufruit successif, et pour l'autre moitié celui issu de D.

A priori, B va décéder en premier.
D devient plein propriétaire d'une moitié en vertu de l'extinction de l'usufruit successif de B.
Pour l'autre moitié, B ayant acquis l'usufruit resté viager sur la tête de D, cet usufruit acquis est transmis soit à l'héritier de B, donc D, soit au légataire de B (qui peut ne pas être D).
Si c'est D, pas de souci pour D, puisqu'il récupère son propre usufruit viager sur sa tête, mais si c'est un tiers, il y aura indivision sur l'usufruit avec le légataire.

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